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La pandémie de Covid-19 continue à ravager et sévir des populations dans le monde et plus particulièrement en Afrique, y compris la République Démocratique du Congo.
Le gouvernement de la République Démocratique du Congo s’est jusque maintenant employé dans la mise en place des mesures de lutte biologique à travers notamment les recherches de laboratoire, axés sur le vaccin et le virus. Il fait surtout prévaloir les mesures de lutte axées sur l’adaptation des modes de vie socio-économiques, telles que le confinement, la mobilisation des acteurs politiques, l’appel au respect des gestes barrières et des restrictions telles que l’interdiction des cultes religieux et d’ouverture des bars et terrasses, ainsi que la sensibilisation de la population sur l’existence de la pandémie et la nécessité des mesures de prévention.
Le gouvernement déploie aussi des mesures de lutte orientées vers l’environnement telles que la désinfection des lieux élitaires (parlement, présidence, sénat, etc.), et pas encore celle des espaces publics pour tous les citoyens. La lutte au niveau du système de santé comprend essentiellement le fonctionnement du comité multisectoriel de riposte au niveau national et provincial, l’aménagement des quelques pavillons l’hôpital Ngaliema à Kinshasa et la construction des nouveaux hôpitaux pour les cas de Covid-19 (Lubumbashi). Les formations sanitaires existant depuis bien avant sont ignorées dans la réponse au Covid-19.
Jusqu’au 07.06.2020, presque 89 jours passés depuis l’annonce du premier cas d’épidémie de Covid-19 intervenue le 10 Mars 2020, la RDC totalise 4 106 cas, 3 481 actifs, 537 guéris et 88 décès de Covid-19, soit en moyenne une vitesse 46 nouveaux-cas, 6 cas guéris et 1 décès par jour en RDC. La mobilisation pour un dépistage de masse des agents de la police nationale congolaise, et pour un dépistage volontaire au stade de martyre à Kinshasa la capitale, est en cours. Elle se fait sans probablement considérer que la transmission (aérienne) de Covid-19 pourrait être facilitée par l’afflux des personnes à dépister. Le pays vient de passer de 7 à 11 provinces touchées de Covi-19, sur les 26 provinces au total.
La province du Haut Katanga compte à elle seule 33 cas et 2 décès de Covid-19, tous notés dans la ville de Lubumbashi, chef-lieu de la province. Cette situation épidémiologique semble évoluer timidement depuis une semaine.
Le gouverneur de province, à travers le ministère provincial de la santé, continue à soutenir l’approche ‘standard’ de sensibilisation de la population au respect des gestes barrières universels (lavage fréquent des mains, port de masque, distanciation sociale, etc.), avec peu d’adaptation au contexte et à la dynamique locale. La population semble, par contre, ne plus respecter ces mesures à la lettre comme cela fut le cas en début d’épidémie. Le gouvernement provincial a réceptionné des équipements et matériels de laboratoire pour la confirmation diagnostique des cas sur place dans la ville de Lubumbashi.
Les districts sanitaires, appelés zones de santé, en République Démocratique du Congo, à travers leurs équipes de gestion (équipes—cadres), ont reçu des affiches de sensibilisation sur les « gestes barrières », destinées aux formations sanitaires. Les fiche de triage, de notification, des arbres de décisions, des protocoles thérapeutiques, de référence, et de constat de décès des cas de Covid-19 ne sont cependant pas disponibles au niveau des formations sanitaires. La planification étant toujours centralisée, les districts sanitaires et leurs équipes-cadres sont encore toujours écartés de la planification, de la mise en œuvre et de l’évaluation des activités de réponse du système de santé au Covid-19.
Le cas illustratif est celui du district sanitaire Tshamilemba, un des 11 districts sanitaires, qui compte à lui seul 11 cas de Covid-19, soit le 1/3 des cas, de la ville de Lubumbashi. L’équipe-cadre du district, y compris le médecin chef de district, n’est ni associée, ni consultée, ni impliquée, ni informée de la manière dont les cas détectés dans le district ont été dépisté et pris en charge : il s’agit d’un espace de riposte qui est clos.
Dans ces conditions, le système de santé vaudrait un « bon à rien » face au Covid-19, et la riposte au Covid-19 fonctionne comme un véritable programme vertical national ou mondial qui éclipse le système de santé.
Mais, l’épidémie est encore là et persiste !
Qu’en est-il de la situation des formations sanitaires de première ligne, censées assumer une responsabilité sanitaire longitudinale des populations bien définies au sein des districts sanitaires dans le temps, à Lubumbashi ?
Pour appréhender la situation que connaissent les formations sanitaires de première ligne, nous évoquerons à titre illustratif celle du Centre de Santé d’Apprentissage et de Recherche Tshamilemba (CSART), du district sanitaire Tshamilemba, ville de Lubumbashi. Le CSART est en effet, une formation sanitaire développée sous un partenariat entre l’Institut de Médecine Tropical d’Anvers, l’Ecole de Santé publique de l’Université de Lubumbashi, et la Division Provinciale de la Santé du Haut Katanga, depuis l’année 2012, dans la manière dont il est possible d’organiser les services de santé de première ligne en contexte urbain congolais.
Le CSART bénéficie des mesures de détection et de protection du personnel sanitaire, comme pour tout le monde. Il a reçu un thermomètre pour le prélèvement de la température corporelle de tout visiteur (thermométrie) à l’entrée et des dispositifs de lavage, gants, gels et masques pour la protection de son personnel, durant la semaine dernière, de l’ONG internationale Vision mondiale. Face au Covid-19, le CSART ne dispose d’aucune mesure de triage, de notification, de décisions, de prise en charge, ni de référence des cas. Le CSART oscille ainsi entre détection (sensibilité, spécificité du thermomètre) et protection du personnel dans la ville de Lubumbashi. Ce centre compte 10 médecins, 15 Infirmiers et 3 agents administratifs, tous non formés ni préparés aux cas de COVID-19.
Selon la population, l’organisation de la réponse au Covid-19 est peu transparente. L’opinion publique navigue entre méfiance et perception de la maladie comme étant un « COVID-BUSINESS ». Il nécessaire d’aligner la perception de la population, et la redevabilité et la transparence des autorités dans la réponse au Covid-19 dans la ville de Lubumbashi, RDC.
Biographie
Didier Chuy Kalombola est médecin, titulaire d’un diplôme de master en santé publique de l’IMT Anvers. Actuellement, il mène ses recherches sur le stewardship des systèmes de santé en milieu urbain.
Bart Criel est médecin généraliste et professeur dans le Département de santé publique de l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, en Belgique.
Conflit d’intérêts : aucun.